PALETTES
Habib BIDA (né en 1955)
Ma Peinture :
En 1980, j’ai commencé à exposer mes propositions picturales dans « IRTISEM » , une galerie à Tunis qui se voulait, dans cette époque « Avant–gardiste ». Elle rassemblait les peintres tunisiens des années soixante qui voulaient créer une rupture avec une tradition picturale folkloriste, héritée de la peinture coloniale basée sur la nostalgie du passé et tachée par les traces d’une « authenticité » tunisienne locale.
Ces peintres ont voulu depuis les années soixante présenter une peinture moderne et contemporaine. Dans cette ambiance polémique et depuis que j’ai commencé à travailler, des questions me se sont posées.
Sur quelle forme technique et plastique ma peinture sera fondée ? En quelque sorte quelles seront ses bases ? Quelle sera sa mémoire ? Je me suis posé ces questions et que me les pose toujours parce que je considère que la peinture est une pratique consciente, réfléchie et réfléchissante, elle donne et elle se donne à voir donc elle cible un objectif. Pour moi une peinture non sensée est une pratique aléatoire qui ne peut aboutir qu’à une appréciation naïve et éphémère.
J’essaierai dans ces propos d’énoncer ma vision d’une manière globale et j’espère que mes réponses expliquent ma démarche picturale tant sur le plan plastique que sur le plan idéel.
Bien sûr, on commence la vie avec certaines données culturelles, historiques et nationales. Il y’a l’histoire de l’art, les œuvres qu’on regarde qui dépassent largement les frontières et qui ont l’influence la plus forte, l’art du monde entier qui ouvre nos yeux et nos esprits.
Cet art et cette histoire étaient pour moi comme une plate-forme à partir de laquelle ma pensée plastique devrait s’instaurer. C’est une vie parallèle à la vie, que les artistes créateurs ont fondée et à laquelle je me suis liée. C’était une décision, un point de départ.
J’ai commencé à me faire une petite réflexion dans mon atelier sur la peinture. Je me suis dis : la peinture est d’abord une pratique, une des pratiques possibles qui s’adresse à un type particulier de sensibilité. Peindre est avant tout un faire, un acte qui permet aussi de lier et d’entretenir une relation particulière avec des matières et des matériaux, d’une part, et les éléments plastiques, leurs traces d’autre part.
Je me suis rendu compte qu’à partir de cette considération qui n’est autre qu’une simple définition de cette relation si simple, entre « moi » en tant que sensibilité et les supports, les outils, les matériaux, et les traces qui peuvent en résulter, une expérience peut être engendrée, dans laquelle s’établissent les interactions transformatrices de l’acteur et les résultats de son action.
C’est une expérience qui s’élève vers une pratique qui crée et entretient un état d’âme, un état d’ouverture à la connaissance d’un lieu à la fois physique et mental, un lieu de rencontre ou dialoguent la matière, le corps et l’esprit. Ce dialogue engendre l’acte qui fait des traces générant d’autres traces et l’aventure continue.
Et depuis, ma décision d’opter pour une aventure abstraite je me suis en quelque sorte, en travaillant, détaché de tous ce qui m’entourait. J’ai voulu tout oublier pour que les éléments plastiques, moyens de la peinture, puissent créer ma peinture et par conséquence créer leur peinture.
Habib BIDA
Mongi MAATOUG (né en 1956)
Empris par le figural humain , ma peinture n'est alors et depuis qu'un autoportrait de ces corps puisés à chaque fois dans les méandres de mon être et qui ne cessent de m'introduire dans une saisie tourmentée , voire apocalyptique de mes sujets dénudés .
Tantôt dionysiaque, tantôt sceptique, je suis encore a l'affut d'une apothéose éphémère .
Né en 1956, j'ai fini par me risquer à ma première exhibition en soufflant mes quarante bougies .
Dessinateur ou illustrateur, auteur de peintures murales mais toutefois usé par les commandes et les chantiers, j'ai choisi de me consacrer à mon ouvre amorcée il ya bientôt vingt ans .
Le temps et l'affect m'ont appris que la sincérité et le dévouement sont le schème du salut , et que seul l'acte de peindre est synonyme d'acte de délivrance .
Des pris ? certes j'en ai eu mais à peine que je m'en souvienne .
Tyrannos
Historique et genèse : les circonstances politiques du pays, juste après l’assassinat du feu Med EL BRAHMI, Juillet 2013 : un été tourmenté qui a fini par le fameux sit-in du Bardo (ERRAHIL). Je me suis retrouvé en train d’emprunter un figural humain du martyr (l’homme abattu) qui m’a été inspiré lors des évènements d’Algérie des années 90, et qui fut l’icône principale du tableau « Filandre » exposé en mars 1996 à « Kalysté » et acquis à l’époque par le ministère de la culture. Tyrannos a été donc, quasiment un « remake » de la dite « Filandre » sauf que les personnages du fond qui accompagnent le corps tombant et qui est travaillé en écorché, sont montrés agglomérés dans un découpage d’une fenêtre d’un ciel bleu sombre et qui illustrent encore des corps souffrants et titubants, partageants le doute et le désarroi. A droite, se détache enfin un autre personnage debout accueillant le martyr dans sa chute fatale. Sur le fond gris, obscur, les camaïeux d’une dominante rouge illuminant les corps de l’intérieur viennent connoter le tableau de cette tension sans merci et de cette charge nerveuse de colère révoltée contre l’assassinat politique et contre tout terrorisme qui affecte encore notre sérénité.
Adnene HAJ SASSI (né en 1961 à Kerkenah)
Il est diplômé de études en sciences et techniques des Arts.
Adnen Haj Sassi, enseigne depuis 1996, les arts plastiques à l' institut supérieur des Beaux -Arts de Tunisie.
Il participe régulièrement à l'exposition annuelle de l' union des artistes plasticiens Tunisien.
Il a obtenu en 2004 les premiers prix du ministère de la culture .
L'artiste a à son actif plusieurs expositions collectives.